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Y a-t-il une solution simple à la pénurie de main-d’oeuvre ?

En cette campagne électorale, on entend certaines personnes réclamer des promesses de la part des partis pour solutionner la pénurie de main-d’œuvre qui se fait sentir dans presque tous les domaines. L’une des choses demandées est d’annuler l’impôt sur le revenu de travail des personnes âgées. Verrons-nous ça dans le programme d’un parti ?

Le principal argument en faveur d’une réduction d’impôt des personnes âgées qui demeureraient sur le marché du travail est le fait que c’est une mesure qui ne coûterait « rien » au gouvernement.

C’est vrai quand on regarde ça vite :

Les personnes qui retourneraient au travail avec cette mesure gagneraient des revenus qu’elles n’auraient pas gagnés autrement. Donc, même si elles ne payaient pas d’impôt sur ces revenus, le gouvernement n’y perdrait pas au change car c’est de l’argent qu’il n’aurait pas touché de toute façon.

Mais…

Si une personne âgée ne paie pas d’impôt sur son revenu de travail, elle n’aura pas besoin d’autant de revenus d’autres sources pour combler ses besoins. Or, ces autres revenus auraient été imposés s’ils avaient été gagnés. Si une personne, par exemple, retarde le versement d’un FERR ou sa rente de retraite du Régime de rentes du Québec, l’État perd effectivement de l’argent en ne touchant pas d’impôts sur ces revenus.

Cela dit, on peut tout de même penser que les pertes de revenus de l’État seraient amoindries à cause de la cascade d’effets qui serait déclenchée. En gros, quand l’économie roule plus, les revenus de l’État s’accroissent.

Mais là où je veux mettre l’accent est sur l’impôt que sauverait une personne âgée si une telle mesure était implantée. Il faut comprendre que les personnes âgées jouissent déjà d’un allègement fiscal. En effet, il existe des crédits d’impôts auxquels on a accès que si on est âgé d’au moins 65 ans. Ces crédits existent pour différentes raisons dans les politiques fiscales des gouvernements.

Au Québec, il y a même un crédit existant qui va dans le sens d’une annulation de l’impôt sur les revenus de travail. Il s’appelle le « Crédit d’impôt pour travailleurs d’expérience ». Ce crédit peut aller atteindre 1 650 $ pour une personne de plus de 65 ans.

En fait, sans entrer dans les détails techniques, disons que le crédit est déclenché à partir d’un revenu de travail de plus de 5 000 $. En fait, il donne 15 % de l’excédent du revenu de travail sur 5 000 $, jusqu’à un maximum qui varie selon l’âge, à compter de 61 ans.

Mais attention…

Si le travailleur gagne un revenu « trop élevé », il perd le crédit. Cette perte est de 5 % de l’excédent de son revenu de travail sur 34 030 $ en 2018. Autrement dit, le crédit disparaît complètement à compter d’un revenu de travail de 67 030 $ pour une personne de 65 ans en 2018.

Donc, si un parti proposait une abolition de l’impôt sur le revenu de travail à compter de 65 ans, il irait beaucoup plus loin que ce que le gouvernement a instauré en 2012 et qu’il bonifie légèrement de temps à autres.

En terminant, voici quelques chiffres qui indiquent, toujours selon mes calculs, combien d’argent de plus il resterait dans les poches d’un individu avec les hypothèses précédentes si une déduction du revenu d’emploi était instaurée pour les personnes de 65 ans :

Revenu de travail de 10 000 $ : 975 $ de plus dans ses poches;

Revenu de travail de 20 000 $ : 1 792 $ de plus dans ses poches;

Revenu de travail de 30 000 $ : 4 315 $ de plus dans ses poches;

Revenu de travail de 40 000 $ : 7 175 $ de plus dans ses poches;

Revenu de travail de 50 000 $ : 9 792 $ de plus dans ses poches;

Et ça monte…

Les chiffres qui précèdent tiennent compte notamment de la cotisation à l’assurance-médicaments du Québec ainsi que du crédit de solidarité.

On voit qu’il faudrait peut-être mettre un maximum de revenu donnant droit à une économie d’impôt. Imaginez si le fédéral emboîtait le pas. Finie la pénurie de main-d’œuvre! Mais à quel coût ?

Mais bon. Laissons les politiciens à leur créativité et attendons.

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