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Viser l’optimisation fiscale du décaissement

Une des préoccupations majeures des nouveaux retraités est la façon d’orchestrer le décaissement de leur actif de retraite. Or, comme je l’ai mentionné à quelques reprises dans le passé, il n’existe pas de formule magique pour optimiser le décaissement. Il s’agit toujours de cas par cas.Certaines variables sont plus importantes que d’autres lorsqu’on parle d’optimisation du décaissement. Sans grande surprise, le taux de rendement est l’élément le plus crucial. Il n’y a pas d’optimisation fiscale qui puisse rivaliser avec une augmentation de 1 point de pourcentage de rendement annuel dans un portefeuille d’actif de retraite.

Nous avons déjà discuté de quelques-unes des autres variables clés, par exemple, le roulement de portefeuille détenu par une société par actions ou encore la détention de fonds constitués en société par actions.

Lorsqu’un travail d’optimisation est effectué de façon simultanée avec tous les comptes de retraite, on peut alors parler d’une vraie «optimisation». Mais tant que le modèle utilisé n’est pas paramétré pour tenir compte de tous les éléments, on ne peut prétendre à une telle chose. Voici quelques-uns de ces éléments :

  1. Variabilité des éléments de projections, par exemple la volatilité des marchés boursiers ou du taux d’inflation ;

  2. Évolution du profil d’investisseur au fil des ans ;

  3. Possibilités de report des prestations des régimes publics ;

  4. Utilisation de rentes viagères ;

  5. Illustrations des probabilités de survie.

Certains de ces éléments doivent faire l’objet d’une discussion avec le client, car le résultat désiré sera fonction de l’âge du décès projeté. Par exemple, le report de la rente de retraite du Régime de rentes du Québec devra être accompagné d’une survie assez longue pour faire son effet. Lorsque les variables ci-dessus sont utilisées, il s’agit donc davantage d’une optimisation «financière».

Le vrai défi

Cependant, le vrai défi ne se situe pas à ce niveau, mais dans une optimisation «fiscale» de la situation. Pour ce faire, les éléments suivants doivent être pris en compte :

Fiscalité précise avec choix annuels, par exemple des montants transférables entre conjoints ;

Justes dépôts, retraits et transferts annuels au sein de chacun des comptes. Plusieurs types de comptes devraient être paramétrés afin de reproduire le type de décaissement possible. Par exemple, un fonds distinct avec un retrait minimum garanti ou encore un fonds commun de série T.

On comprend donc le gigantesque défi que cela peut représenter. Or, je le répète, c’est seulement dans ce contexte qu’on pourra parler d’une réelle optimisation.

Entre-temps, à défaut d’avoir accès à des outils qui font ce genre de calculs, on peut se concentrer sur l’ordre de décaissement. En choisissant un bon ordre de décaissement «par défaut» selon le type de compte (enregistré, non enregistré [NE], CELI, société privée), une partie de l’optimisation aura été faite.

Décaisser dans le bon ordre

Par exemple, certains se demandent s’il n’est pas préférable de retirer les REER en premier lieu. Non. De façon générale, on optera pour un retrait provenant d’un compte enregistré en tout dernier lieu afin de reporter au maximum l’imposition.

J’ai fait quelques simulations où, sans faire varier les montants de chacun des comptes, je joue avec l’ordre de décaissement.

De façon générale, une inversion REER – CELI n’a que peu d’impact. Mais il ne faut pas généraliser…

Une inversion REER – NE (retraits provenant d’un REER avant ceux d’un compte non enregistré) n’est généralement pas désirée puisqu’il en restera généralement moins dans les poches du client à la retraite.

Toutefois, lorsque le Supplément de revenu garanti (SRG) entre en jeu, des retraits plus importants provenant d’un compte enregistré comme un REER avant 65 ans pourront permettre de générer un SRG plus élevé à long terme et une accumulation accrue.

Prenons l’exemple suivant : Jean et Jeannette sont de nouveaux retraités, ont tous deux 61 ans et ont relativement peu d’épargne. Leur situation est résumée dans le tableau suivant :

Rente de retraite RRQ

(50 % – 50 %) 10 000 $

REER Jean 100 000 $

REER Jeannette 50 000 $

CELI Jean 45 000 $

CELI Jeannette 45 000 $

Régime non enregistré Jean (NE) 100 000 $

Besoin annuel après impôt 35 000 $

Que faire dans cette situation ? On se doute que Jean et Jeannette pourraient être admissibles au SRG, mais est-ce vraiment rentable de liquider les REER avant l’âge de 64 ans pour retirer le maximum du SRG à compter de 65 ans ?

Voici le fruit de mes calculs. Un décaissement standard, soit selon la séquence NE – CELI – enregistré sans se soucier du seuil de revenu imposable laisse une valeur liquidative des comptes (après impôt) de 340 000 $ à 95 ans.

Si on utilise d’abord le REER (ou les FERR) afin de subvenir aux besoins, la valeur finale grimpe à 393 000 $.

Si on liquide complètement les REER avant 64 ans à raison d’environ 1/3 par an pendant trois ans, la valeur monte encore, jusqu’à 416 000 $.

On voit donc qu’il est rentable de liquider les REER afin de profiter du maximum du SRG. C’est le cas dans plusieurs situations de ce genre. Cela signifie-t-il que la situation est optimisée ? Presque…

Lorsqu’on fait des calculs plus poussés – selon certaines hypothèses -, on se rend compte qu’une situation optimisée laisse environ 30 000 $ dans le REER de Jean et Jeannette à 64 ans au lieu de les décaisser complètement. Le résultat de cette optimisation ? Un petit 8 000 $ de plus à 95 ans… Cela montre que la liquidation totale a fait une bonne partie du travail… d’optimisation !

Nous aurons l’occasion, dans de prochaines chroniques, de donner d’autres exemples afin d’estimer les impacts de différentes hypothèses de décaissement.

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