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Retraite: mal aimée, la rente viagère

La rente viagère n’est pas populaire. Il y a pourtant d’excellentes raisons de l’envisager.

Dans le monde des services financiers, il existe un produit dont l’utilité est, à mon avis, grandement sous-estimée. Je parle de la rente viagère, cette rente qui verse un montant périodique – en général mensuel – jusqu’à la fin des jours d’un individu, quel que soit son âge lors de son décès.

Dans le contexte actuel où les taux d’intérêt sont à des niveaux historiquement bas, on entend souvent des conseillers financiers recommander à leur client une autre option que la rente viagère. Au lieu de confier leur argent à un assureur en contrepartie d’un revenu garanti à vie, ces clients retraités conservent un compte d’investissement à l’intérieur duquel ils effectueront des retraits pour combler leurs besoins.

L’argument principal des conseillers est que l’achat d’une telle rente «gèle» le taux d’intérêt pour le reste de la vie de l’individu. Cet argument n’est pas convaincant. Il est vrai qu’une rente viagère est calculée notamment à l’aide des taux d’intérêt du marché. Plus ces derniers sont bas, plus le montant du versement périodique sera faible.

Cependant, la raison d’être d’une rente viagère est la protection en cas de longévité. C’est ainsi l’inverse d’une assurance vie à laquelle on souscrit afin de protéger les survivants contre les pertes financières résultant d’un décès prématuré.

Lorsqu’on fait des calculs avec un âge de décès correspondant à l’espérance de vie d’un individu, le taux de rendement qu’il est nécessaire de réaliser dans un compte d’investissement – afin de remplacer les versements d’une rente viagère – est souvent faible. C’est sur ce taux de rendement que les conseillers se basent souvent pour ne pas recommander l’achat d’une rente.

Ces conseillers oublient toutefois que la probabilité qu’on meure à un âge plus avancé que son espérance de vie est de 50 %. Si un individu désire être certain à 90 % de ne pas «survivre à son capital», l’Institut québécois de planification financière recommande qu’il conserve des actifs financiers jusqu’à un âge très avancé, de l’ordre de 95 ans pour les hommes et de 99 ans pour les femmes.

Dans ce contexte, le taux de rendement requis dans un compte de retraite devient élevé (plus de 5 % actuellement). De plus, ce taux devrait être garanti, ce qui rend la commande carrément impossible.

Je fais régulièrement des calculs pour des personnes qui se demandent s’il est préférable, au moment de quitter leur emploi pour la retraite, d’opter pour la rente de leur régime de retraite ou encore de transférer le montant dans un compte d’investissement qu’ils devront gérer.

Je calcule alors le taux de rendement requis selon quelques âges de décès, avec les probabilités afférentes. Sauf pour de rares exceptions, la rente est toujours choisie par le client. Si cette conclusion s’avère pour les rentes des régimes de retraite de l’employeur, pourquoi les rentes viagères individuelles se vendent-elles aussi peu chez les assureurs ? Peut-être est-ce une question de commissions…

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