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Les régimes de retraite et les profits, plus liés que jamais

Groupe Capitales Médias, Rona et compagnie… La ligne du bas fait mal, et ils sont plusieurs. La profitabilité des entreprises influence maintenant, plus que jamais, les régimes de retraite.

Je parlais, cette semaine, avec mon ami François qui est passé «dans le tordeur» d’une grande entreprise récemment. Bien qu’il comptait plusieurs années d’ancienneté, il travaillait dans des conditions qui n’étaient pas optimales. Une rotation dans les quarts (shifts) de travail faisait que son sommeil n’était souvent pas optimal. Malgré tout, il aimait son travail, particulièrement l’équipe qu’il supervisait. Ses coéquipiers l’appréciaient beaucoup également.

Puis, sans crier gare, la nouvelle est tombée. Pour mettre un peu de baume, un dédommagement sous forme d’«indemnité de départ» lui est offert. Ce dédommagement lui servira à prendre le temps de réfléchir à son avenir.

Avec la pénurie de main d’œuvre qui sévit partout au Québec, François n’aura pas de difficulté à se trouver un autre emploi si c’est son intention. Il m’a quand même demandé de faire des calculs pour savoir ce qui se passerait s’il arrêtait complètement de travailler. Heureusement, la situation n’est pas si dramatique pour sa conjointe et lui. Il avait préparé sa retraite. S’il décide de retourner sur le marché du travail, ce ne sera que du «gravy» par-dessus une retraite correcte.

Ce n’est toutefois pas le lot de tout le monde. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas bien préparés et pour qui une retraite anticipée n’est pas une option envisageable. Parmi ces personnes, certains se fient sur le régime de retraite à prestations déterminées de leur employeur.

Les régimes à prestations déterminées en voie d’extinction

Historiquement, on parlait de ces régimes comme «la Cadillac» des véhicules pour la retraite. Ce n’est plus le cas. On s’en rendu compte depuis 2008. Même si la caisse de retraite d’un régime à prestations déterminées est une entité distincte de l’employeur, c’est ce dernier qui est responsable des déficits. C’est pour cette raison que ce type de régime est en voie d’extinction. La pression est généralement trop forte.

Malgré le fait que le Règlement modifiant le Règlement sur les régimes complémentaires de retraite, dont le décret ministériel date du 6 novembre dernier, vient renforcer le mécanisme de provision de stabilisation des régimes à prestations déterminées, il y a fort à parier que ce type de régime ne gagnera pas en popularité. Cette provision remplace, depuis 2016, l’obligation, pour l’employeur, de combler les déficits dits «de solvabilité» (l’un des trois types de déficits actuariels possibles) sur un maximum de cinq ans.

En gros, ce mécanisme prévoit qu’une provision doit être créée pour absorber les fluctuations des marchés financiers. La provision peut être financée sur une période allant jusqu’à 10 ans. On comprendra que plus la caisse de retraite est constituée d’actions, plus la provision doit être grande. Plus la caisse de retraite est «liée» au passif (les promesses de rentes) grâce à des titres à revenu fixe, moins cette provision doit être élevée. Il y a aussi un autre facteur, plus technique, soit le rapport entre la duration de l’actif et la duration du passif, qui fait varier l’ampleur de cette provision.

Quoi qu’il en soit, un déficit dans la caisse oblige l’employeur à cotiser davantage. S’il est dans une mauvaise position financière et qu’il fait faillite, la caisse de retraite ne verra jamais ses déficits être comblés.

Contrairement à François, plusieurs ne se sont pas préoccupés de leur retraite. Les personnes qui gagnent un faible revenu n’ont pas besoin de mettre de l’argent de côté. Les prestations de l’État seront suffisantes pour combler leurs besoins habituels.

Mais les autres, ceux qui n’ont pas planifié leur retraite parce qu’ils avaient la Cadillac et qui se voient couper leurs prestations, ceux-là sont victimes d’une situation malheureuse. C’est une chose, lorsqu’on travaille encore, de recadrer son épargne parce qu’un régime de retraite est dissout. C’est une autre chose de subir une baisse de revenu de retraite lorsqu’on est déjà retraité. C’est un scénario qu’on n’envisageait à peu près pas avant 2008. Maintenant, on n’a pas le choix.

À moins d’avoir un régime de retraite financé par l’État (fédéral, provincial ou municipal), la garantie «béton» qu’offraient les régimes de retraite à prestations déterminées n’existe plus.

Si un régime est déficitaire et que l’employeur fait faillite, les participants non retraités pourront se procurer une rente de retraite chez un assureur avec l’argent qu’il leur reste, un certain pourcentage de ce qui était prévu. Pour les retraités, c’est pire, leur revenu de retraite est carrément réduit à un moment qu’ils n’attendaient pas. Très problématique dans certains cas.

Ce qui pourrait devenir plus populaire, au cours des prochaines années, ce sont les régimes de retraite à prestations cibles. Retraite Québec veut débloquer l’accès, actuellement restreint à certaines entreprises des pâtes et papiers, à d’autres industries.

Selon ce type de régime, des prestations déterminées «cibles» peuvent faire l’objet d’ajustements selon leur santé financière. Certains affirment que ces régimes ne sont que des régimes à cotisations déterminées déguisés car le risque est transféré aux participants.

Pourquoi en sommes-nous rendus là?

Quelques facteurs en sont responsables, dont la mondialisation. De nos jours, il y a de plus en plus de pression sur la productivité des employés. On presse de plus en plus le citron.

Pour qui?

Les actionnaires. Les méchants…

Ils veulent des profits. Sinon, ils vont vendre. Cette épée de Damoclès est plus présente que jamais au-dessus des régimes de retraite.

Ce qui est paradoxal… Car ces «méchants» actionnaires sont eux-mêmes des régimes de retraite!

Trouvez l’erreur.

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