Si l’on tient compte du crédit d’impôt, les fonds de travailleurs sont plus rentables et moins risqués que les fonds «équilibrés».
Dans le monde merveilleux de la planification financière, un des pires mythes est celui qui perdure au sujet des fonds de travailleurs. On dit qu’ils ne sont pas rentables et qu’ils sont risqués.
Foutaise !
À moins d’une situation exceptionnelle, les premiers 5 000 dollars de contribution investis dans un REER devraient l’être dans un fonds de travailleurs, point à la ligne.
Il est rare que je sois aussi tranchant à l’égard d’un conseil financier, mais je pense qu’il faut remettre les pendules à l’heure. N’étant ni toujours à gauche ni toujours à droite, je me bats pour la vérité. Et cette vérité, il semble qu’il est difficile de la faire entrer dans la tête des conseillers financiers… L’absence de commissions y serait-elle pour quelque chose ?
Il existe deux fonds de travailleurs au Québec : le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction de la CSN. Alors que le premier procure un crédit d’impôt de 30 %, les contributions faites à Fondaction bénéficient d’un crédit de 40 %.
Ces crédits d’impôt font en sorte que, pour une même contribution, le montant net investi est très inférieur à celui d’un REER ordinaire. Prenons l’exemple d’un contribuable célibataire qui gagne 90 000 dollars par an et qui contribue à Fondaction. Le crédit d’impôt de 40 % doit être ajouté à sa déduction REER de 45,7 %, ce qui donne un remboursement d’impôt de 85,7 % ! Une contribution de 5 000 dollars ne coûte en réalité que 715 dollars après impôt.
Or, afin de comparer des pommes avec des pommes, il faut comparer cette situation avec le coût après impôt d’une contribution effectuée dans un REER ordinaire. Comme le taux d’imposition du contribuable est de 45,7 %, une contribution REER de 1 316 dollars coûtera elle aussi 715 dollars après impôt.
Imaginez le pauvre REER ordinaire, qui débute son existence avec quatre fois moins d’argent que l’autre ! Et je ne vous parle pas des familles qui comptent deux enfants (lire ma dernière chronique), où il est fréquent que le remboursement d’impôt dépasse la contribution au fonds de travailleurs… une contribution entièrement financée par l’État !
Pas besoin d’un doctorat en finances pour savoir que le REER ordinaire ne pourra pas rattraper son rival en cinq ans, même s’il affiche un rendement exceptionnel. Mais qu’en est-il sur 25 ans ? Le REER ordinaire devra obtenir une performance de 5,5 % de plus par an ! Dans le cas d’une famille pour laquelle le coût net est nul… la mission est mathématiquement impossible !
Parlons maintenant du risque et du rendement.
D’abord, le niveau de risque associé à ces fonds, calculé selon la méthode la plus répandue – en écart-type -, est nettement inférieur à celui d’un fonds communs de placement équilibré type.
Ensuite, depuis la création du Fonds de solidarité il y a 27 ans, le rendement obtenu est inférieur de 2,7 % par an à celui d’un fonds équilibré moyen. Pour Fondaction, le rendement est moindre pour l’instant, mais le crédit d’impôt est supérieur.
Les opposants aux fonds de travailleurs peuvent toujours vous dire qu’ils ne sont pas aussi flexibles quant à la disponibilité des sommes avant la retraite et qu’ils génèrent un rendement inférieur. Pendant ce temps, ceux qui investissent dans ces fonds font une très bonne affaire. De toute façon, comme les émissions d’actions sont limitées – dans le cas de Fondaction pour l’instant – et qu’il n’existe pas de marché secondaire pour ces produits, il ne faudrait pas que tout le monde veuille en bénéficier…
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