Certains sont contents des résultats de l’élection de mardi, d’autres le sont moins. Certains craignent Donald Trump pour diverses raisons. Quoi qu’on en pense, quels impacts peut-il avoir sur vos finances personnelles ?
À mon avis, les principales craintes dont il est la source, ici au Québec et au Canada, ont trait à l’effet qu’il aura sur notre économie et sur notre sécurité.
Bien sûr, certains pourraient craindre que le succès remporté puisse encourager un certain populisme pouvant conduire à l’élection d’un « Trump » québécois, ce qui affecterait bien d’autres aspects de votre vie.
Mais, dans l’immédiat, en quoi les résultats de l’élection américaine entraînent-ils des conséquences sur vos finances personnelles ?
Tout d’abord, si jamais il arrivait à mettre ses menaces de protectionnisme à exécution, cela aurait un impact pour les exportateurs canadiens qui verraient leurs biens faire l’objet de tarifs douaniers (taxe à l’entrée en sol américain). Cela aurait également un impact sur les biens en provenance des États-Unis car ce genre de mesure protectionniste entraîne habituellement des réflexes réciproques chez les partenaires économiques. Les biens américains coûteraient donc plus cher aux importateurs et la facture pourrait être refilée, en tout ou en partie, aux consommateurs.
Donc, d’une part, si les exportateurs canadiens ont plus de difficulté à vendre leurs biens aux États-Unis, cela pourrait signifier des pertes d’emploi ici. Si vous faisiez partie des malheureux qui tomberont au chômage, nul besoin d’en ajouter. Les conséquences financières seraient très négatives pour vous. Sans parler des augmentations de salaire possiblement plus faibles pour les autres « chanceux »…
Ces pertes d’emploi feraient en sorte que l’économie canadienne ralentirait. Or, un ralentissement de l’économie met une pression à la baisse sur les taux d’intérêt (on veut relancer l’économie – on baisse les coûts d’emprunt pour les entreprises pour qu’elles investissent davantage). Mais ces taux sont déjà très bas. Si ce n’était pas le cas, on pourrait dire que les dépôts garantis que vous détenez dans votre portefeuille de retraite rapporteront moins. Je me garderai donc une petite gêne ici…
Pour vos dettes, cependant, ce pourrait être une bonne chose, avec des taux qui pourraient rester dans le sous-sol… après une hausse de taux causée par les marchés financiers américains qui pourraient s’emballer avec une économie plus florissante…
D’autre part, si les biens américains coûtent plus chers à cause de barrières tarifaires, comme consommateurs, nous pourrons tenter de nous tourner vers des biens de remplacement produits ailleurs. Toutefois, comme ce n’est pas toujours possible, l’achat de biens américains à prix plus élevés aurait un effet inflationniste. Normalement, l’inflation entraîne une pression à la hausse sur les taux d’intérêt (puisque la Banque du Canada cherche à ralentir l’économie). Mais dans ce cas-ci, l’inflation ne serait pas générée par une économie qui surchauffe à cause d’une demande accrue mais à cause d’un élément externe au marché… des tarifs douaniers qui nuiraient à l’économie. Ce phénomène – combinaison d’inflation et d’économie au ralenti – s’appelle la stagflation. Pas terrible… En bout de ligne, c’est moins d’argent pouvant être dépensé par les ménages canadiens… donc un ralentissement économique accru avec ses effets négatifs.
Donc, si un ménage dépense plus à cause d’une augmentation des prix causée par une barrière tarifaire, il lui reste moins d’argent à mettre de côté… pour sa retraite ou autre chose. Par conséquent, non seulement les taux d’intérêt pourraient rester à des niveaux anémiques mais moins d’argent pourrait être investi de votre part.
Oui mais il n’y a pas que les dépôts garantis dans la vie, me direz-vous ? C’est vrai.
Si l’on divise les actifs contenus dans un portefeuille pour la retraite (ou autre) en deux grandes catégories, on retrouve les titres à revenu fixe et les actions (cotées en bourse).
Les titres à revenu fixe, comme les obligations, génèrent un rendement étroitement lié aux taux d’intérêt du marché. S’ils sont faibles, le seul gain intéressant possible sur ce genre de titre vient des variations de taux (lorsqu’ils montent, les titres perdent de la valeur alors que lorsqu’ils baissent, la valeur des titres augmente) et du risque qu’on veut prendre (une obligation moins bien cotée donne plus de rendement). Avec un ralentissement de l’économie, comme les variations ne seraient, de toute évidence, que très faibles, il ne reste que le risque accru sur lequel on peut se rabattre dans cette catégorie si on veut réaliser un rendement intéressant.
La bourse, quant à elle, génère un rendement extrêmement volatil (en dents de scie). Mais, de façon générale, on peut dire qu’elle est un genre de précurseur de l’économie. Autrement dit, lorsqu’elle va bien, c’est que l’économie ira bien dans quelques mois et lorsqu’elle va mal, elle est suivie d’un ralentissement économique, voire d’une récession.
Par conséquent, si on anticipe un tel ralentissement, la bourse générera des rendements plus ou moins faibles, selon la sévérité de ce qui est appréhendé. Encore une fois, votre portefeuille risque d’y goûter.
Vous pourriez investir à l’étranger… Ici encore, si les autres pays sont touchés par une augmentation du protectionnisme américain, les mêmes conséquences fâcheuses pourraient très bien se matérialiser. Mais si vous investissez aux États-Unis, vous pourriez faire un bon rendement… dans la mesure où l’économie américaine irait à la vitesse promise par Trump. C’est un gros pari. La règle d’or ici est, une fois de plus à mon avis, la diversification.
Pendant ce temps, le gouvernement canadien verrait ses revenus augmenter grâce aux tarifs douaniers tandis que ses dépenses n’augmenteraient pas. En effet, les tarifs douaniers américains ne seraient pas payés par le gouvernement du Canada mais, ultimement, par les consommateurs américains. Toutefois, cette augmentation de revenus ne pourrait servir à relancer l’économie car les revenus de l’État diminueraient également dû aux impôts moindres causés par les pertes d’emploi. Au net, ce serait probablement (certainement) négatif. Sinon, on serait demeuré dans l’ancien système, avant le libre-échange.
En résumé, on pourrait dire que la dernière élection américaine pourrait avoir les conséquences suivantes sur vos finances si le President-elect mettait de l’avant ses promesses :
Coût plus élevé de plusieurs biens de consommation. Moins d’argent pour épargner.
Rendements moins élevés dans votre portefeuille de retraite. Plus d’épargne nécessaire. Yeah!
Taux d’intérêt encore faibles sur vos emprunts personnels ou hypothécaires. Plus d’argent pour économiser.
Et si rien de tout cela ne se passait ?
À suivre…
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