Depuis quelques mois, des assureurs ont tendance à «oublier» certains éléments qui feraient baisser les primes d’assurance invalidité. Est-ce normal?
En assurance invalidité collective, il y a souvent deux facteurs principaux qui influencent les taux de primes. La démographie du groupe et les taux d’intérêt du marché.
Le premier facteur est donc la composition démographique d’un groupe, incluant l’âge de chaque assuré, leur genre, leur occupation, le type d’industrie de l’entreprise etc., et les volumes de couverture, souvent basés sur les salaires. De savants calculs sont faits pour voir dans quelle mesure le risque d’un assureur de payer des réclamations varie d’une année à l’autre. Si un groupe comprend exactement les mêmes individus d’une année à l’autre, ceux-ci sont tous âgés d’un an de plus. Les probabilités de réclamations étant fonction de ces âges, les taux vont varier en conséquence.
Pour les assureurs, plus une personne est âgée, plus la probabilité qu’elle tombe invalide pendant un certain temps est élevée. Ces probabilités viennent des tables actuarielles qui présentent des indices que les assureurs appellent «de morbidité».
Par contre, plus les personnes approchent de l’âge de 65 ans, moment où les prestations cessent généralement, plus la durée maximale d’une éventuelle invalidité est limitée dans le temps. Mais peu importe, l’important est que les variations démographiques d’un groupe affectent les probabilités, à la hausse ou à la baisse, qu’un groupe ait des personnes en invalidité au cours d’une année.
Mais ce n’est pas tout.
Encore dans ce premier facteur (variations démographiques), le montant potentiel des réclamations est important. Si les salaires ont augmenté en moyenne, l’assureur paiera plus si quelqu’un réclame. Ce facteur contribuera à faire augmenter les taux. En passant, pour une catégorie d’employé, les taux sont les mêmes, peu importe l’âge des individus. C’est un taux moyen qui est calculé pour l’ensemble de la catégorie.
Les variations démographiques (changements de tranche d’âge pour les employés existants, arrivées et départs d’employés) sont donc «pondérées par les volumes». Les assureurs sont donc ainsi capables de mesurer, en moyenne, le risque financier qu’ils prennent en assurant un groupe.
Pour les grands groupes, leur expérience sera aussi prise en compte. Si le groupe a un mauvais historique de réclamations, il paiera plus cher pour la même couverture qu’un autre groupe.
Maintenant, le deuxième facteur: les taux d’intérêt
La loi oblige les assureurs à conserver une réserve pour assurer le paiement des réclamations des personnes invalides, jusqu’à la fin – qui est parfois loin dans le temps car la plupart du temps les indemnités peuvent être payées jusqu’à 65 ans. En fait, ils doivent constituer des montants de réserve, placés dans des titres à revenu fixe pour chacune des réclamations en cours et pour leur durée prévue respective.
En d’autres termes, cette réserve, c’est de l’argent que les assureurs mettent de côté pour s’assurer que, quoi qu’il arrive dans le futur, les invalides seront payés jusqu’à la fin. On comprend que, plus ils font de l’argent avec le rendement de ces réserves, moins ils ont besoin de capital à investir. Lorsque les taux d’intérêt sont bas, ils ont besoin d’en mettre plus de côté car cet argent «travaille» moins et inversement.
Or, depuis plus de deux décennies, les taux d’intérêt étaient en baisse. Les assureurs alléguaient donc qu’ils avaient besoin de plus de liquidités pour répondre aux exigences légales. Ce besoin se traduisait simplement par une hausse des taux. La variation démographique d’un groupe donnait une certaine hausse (ou baisse) des taux à laquelle venait se greffer une hausse (pas de baisse, cette fois) due à la diminution des taux d’intérêt. Il était difficile de contester cette hausse car elle s’expliquait rationnellement.
Aujourd’hui, cependant, les choses ont changé. On assiste depuis quelques mois à une hausse des taux d’intérêt dans le marché. Comme c’est drôle… plusieurs assureurs « oublient » de réduire leurs taux pour tenir compte de cette augmentation. Il faut constamment les ramener à l’ordre.
Demandez à votre courtier en assurance collective s’il a fait ses devoirs à ce niveau. Ça peut représenter un bon montant à la fin de l’année.
Ça me fait penser au prix de l’essence : quand le prix du brut monte, le prix à la pompe monte et on ne se gêne pas pour nous le rappeler. Mais lorsque le prix du brut baisse, c’est drôle, je ne vois pas beaucoup de différence lorsque je vais faire le plein. C’est une histoire à sens unique. Faut croire que ça fait partie de la business.
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